Le Père Noël et le petit curieux

Publié le par polly

 

Le Père Noël et le petit curieux

 

 

Depuis quelque temps le Père Noël se sent un peu boudiné dans ses habits.

 

Et puis quand il va en vacances au bord de l'Océan Pacifique, il n'ose plus se mettre en maillot de bain. Il a un peu honte de son gros ventre qu'il cache du mieux qu'il peu derrière sa barbe.

 

"Mais non Père Noël, vous êtes très bien comme ça" le rassurent les lutins, mais c'est une idée fixe pour le Père Noël : "Je suis trop gros".

 

Alors il  supprime le bon chocolat qu'il aime tant, les bonnes gaufres de la Mère Noëlle. Il ne fait plus de petit lac de sauce dans sa purée. Il ne met plus de gruyère ni de ketchup dans ses coquillettes. Il ne mange plus de bonbons. Le soir il se contente de soupe ou de salade et le midi de légumes cuits à la vapeur,  de viande et de poisson grillés.

 

Et il a même repris une activité physique en faisant de longues marches en raquettes dans la neige de son Pôle Nord.

 

Au bout de quelques semaines, ses efforts finissent par être récompensés et la Mère Noëlle est obligée de reprendre toutes les coutures de ses pantalons et chemises.

 

Le Père Noël est très satisfait. Il se sent moins essoufflé et plus jeune.

 

S'en vient Noël, le jour de la Grande Distribution.

 

Or, pour cette occasion il lui faut revêtir son bel habit rouge de gala et catastrophe !

La Mère Noëlle a complètement oublié d'en réduire la taille.

Quelle panique ! Comme il est trop tard pour le faire,  La Mère Noëlle dispose des épingles ici et là pour que le Père Noël ne soit pas gêné par son costume et elle coud vite fait bien fait un élastique plus court à la taille pour faire tenir le pantalon.

 

Et Hop le voilà parti !

 

Pendant ce temps,  en France, un petit garçon est inquiet : il a peur de ne pas recevoir tous les cadeaux de sa liste. Ce n'est pas qu'il soit moins sage que les autres petits garçons mais… il dit beaucoup de gros mots et sa maman, qui le gronde à chaque fois qu'elle l'entend, lui a dit : "Cette année c'est  le Père Fouettard qui va venir et tu auras un martinet au lieu des jouets que tu attends."

 

Il est bien décidé à plaider sa cause auprès de celui qui descendra de la cheminée, en expliquant que ce n'est pas de faute ; qu'à force d'entendre pleins de gros mots à la télé et dans les rues, certains lui sortent automatiquement de la bouche sans qu'il ait le temps de les retenir. Mais il sait que ce n'est pas beau et qu'il fera des efforts pour n'en plus dire.

Alors quand toute la maison est endormie, Jonathan – c'est son nom – descend à pieds nus l’escalier pour aller s’asseoir derrière un des deux gros fauteuils  de la salle à manger avec son doudou dans les  bras,  pour attendre le visiteur.

 

Il s’était d’ailleurs quelque peu assoupi lorsqu’un bruit  en provenance de la cheminée le réveilla et lui révéla un spectacle des plus étonnants : alors que deux bottes noires apparaissaient, l’élastique du pantalon rouge lâcha, dévoilant les deux jambes et le caleçon à fleurs du Père-Noël qui posa les pieds par terre ainsi que  sa hotte tout en énumérant toute une collection de jurons.

 

Jonathan, bouche bée  qui avait assisté à la scène sans en perdre une miette vit le Père Noël remonter son pantalon, et le maintenant d’une main, sortir de l’autre des cadeaux de sa hotte grommelant toujours entre ses dents.

 

Le gamin, soudain hilare en réalisant le ridicule de la situation se cacha derrière le fauteuil en étouffant son fou-rire dans son doudou, mais le Père Noël qui avait l’ouïe fine l’entendit et s’approcha tout doucement de lui.

 

-       « Tu ne dors pas Jonathan ? Ce n’est pas bien de désobéir : ta maman ne t’avait-elle pas demandé de faire un gros dodo ? »

 

Le petit garçon cessa immédiatement de rire et sa lèvre se mit à trembler comme pour pleurer en acquiesçant de la tête…

 

-       « Non, ce n’est pas grave, le rassura la Père Noël… D’ailleurs je suis plutôt content de te voir parce que tu vois j’ai un petit problème et ça m’aiderait bien si tu pouvais me trouver une épingle ou un bout de ficelle pour faire tenir mon pantalon, parce que ça va me ralentir dans ma distribution… »

 

Jonathan alla doucement chercher la ceinture de son papa et l’apporta au Père Noël qui put ainsi remettre en place son pantalon.

 

-       « Merci mon grand !  Ne t’inquiète pas, je la redéposerai dès que j’aurai terminé ma tournée. Mais tu dois aller te coucher maintenant, et me promettre de n’ouvrir tes cadeaux que demain matin…

-       Oui Père Noël… Euh, tu n’es pas en colère pour les gros mots ?

-       Eh bien… C’est vrai que ce n’est pas très joli, et qu’il faut essayer de ne plus dire mais… quelquefois… ils sortent tous seuls n’est-ce pas ? dit-il en souriant. Moi-même quelquefois… Alors on va faire des efforts tous les deux, d’accord ?

 

Jonathan fit oui de la tête et gravissant les marches de l’escalier, son doudou dans les bras, en faisant signe au revoir de la main au Père Noël qui remonta par la cheminée.

 

Le lendemain matin, quand le petit garçon ouvrit ses paquets, il ne savait plus s’il avait rêvé ce Père Noël en caleçon ou s’il l’avait vraiment entendu aussi dire des gros mots…

 

Toujours est-il que la ceinture de son père était posée sur le fauteuil.



Claudie Becques (17/01/2010)

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