Tudor et la harpe magique
Complément d'information en date du 24/01/2012 :
Ce conte a été écrit, par EIRWEN JONES dont le titre est LA HARPE MAGIQUE !
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Tudor était ce soir là resté seul dans sa maisonnette, tandis que sa femme bien-aimée était allée rendre visite à sa famille dans le village voisin.
Avant de partir, elle avait pris soin de lui préparer une assiette garnie pour son souper, qu’il mangea de bon cœur en se félicitant d’avoir si brave épouse.
Peu habitué à son absence, il s’ennuya très vite ainsi seul, aussi se mit-il à chantonner pour tuer le temps avant d’aller se coucher.
A cette époque, vivaient dans les bois ceux que l’on appelait "le petit peuple", c’est à dire des lutins, gnomes, farfadets et fées qui, de temps à autre rendaient visite aux hommes sous la forme de mendiants ou lépreux, pour vérifier l’accueil que ces derniers faisaient aux malheureux.
Tudor chantait lorsque l’on frappa à la porte.
"- Entrez", cria-t-il , mais la porte ne s’ouvrit pas. Aussi se remit-il à chanter.
Quelques minutes plus tard on frappa à nouveau et il invita encore les visiteurs à entrer sans qu’ils n’obtempérèrent.
Se croyant victime de son imagination, il reprit sa chansonnette sans s’en préoccuper davantage.
Pour la troisième fois des coups retentirent à la porte d’entrée. Bien décidé à élucider cette affaire il courut cette fois vérifier qu’il n’avait pas rêvé, et il se trouva face à trois voyageurs en guenilles, épuisés qui lui demandèrent l’hospitalité.
Tudor, s’effaça pour les laisser entrer :
"- Prenez la peine d’entrer mes amis. Moi, j’ai déjà mangé et c’est bien dommage parce que si j’avais pu prévoir votre arrivée nous aurions pu partager. Je n’ai, pour l’heure, plus grand chose à vous offrir en l’absence de mon épouse, qui elle, vous aurait préparé un festin, mais je peux néanmoins vous donner du pain et du fromage et une cruche de bon vin. Régalez-vous !"
Et il les fit asseoir à sa table leur offrant tout ce qu’il avait, cherchant encore dans le garde-manger ce qu’il aurait encore pu apporter comme ce cake un peu rassis et quelques fruits qu’il leur proposa en dessert.
Les trois voyageurs mangèrent en silence, sous le regard bienveillant de Tudor.
Lorsqu’ils furent repus, le maître des lieux leur demanda ce qui pourrait encore leur faire plaisir.
L’un d’eux lui dit alors :
"- Nous vous avons entendu chanter tantôt, quand nous étions derrière la porte, pouvez-vous encore chanter pour nous ?
- Ah ! Mes amis je ne suis point chanteur, toutefois si vous avez de bonnes oreilles et que cela vous fait plaisir, je veux bien vous chanter un petit quelque chose..."
Et Tudor de commencer timidement, puis de prendre de l’assurance et d’enchaîner les chansons jusque tard dans la nuit.
Les trois voyageurs finirent par se lever pour poursuivre leur chemin, mais avant de partir d’un d’eux dit :
"- Vous êtes un brave homme, Tudor, et nous aimerions vous remercier pour votre charmante hospitalité. Si nous pouvions réaliser un vœu, lequel choisiriez-vous ?
- Mon dieu, j’ai déjà tout ce dont un homme a besoin : la santé, une maison, un travail, une excellente épouse et de quoi boire et manger... Ma foi, je suis déjà comblé...
- Mais encore, en y réfléchissant bien ?
- En y réfléchissant bien, j’ai au fond de mon âme un tout petit regret, celui de ne pas savoir jouer d’un instrument de musique tel qu’il soit, même très simple, pour égayer un peu nos soirées à ma femme et moi et nos amis...
- Soyez exaucé Tudor..."
Les visiteurs disparurent comme par enchantement. Mais là, près de l’âtre il découvrit alors une très jolie harpe dorée à l’or fin et toute incrustée de pierres précieuses.
Notre brave homme l’effleura de la main ce qui suffit à faire résonner dans la maison une guillerette musique qui l’enchanta. Il passa tout le reste de la nuit à jouer et à danser.
Le lendemain, lorsque sa femme rentra il lui raconta son étrange visite et les circonstances de l’arrivée de cette harpe près de la cheminée, qui répandit l’allégresse dans la maison et son épouse dansa, dansa...
Ils convièrent des amis à partager leur bonheur et tous de danser durant des heures sans pouvoir s’en empêcher.
La nouvelle fit bien entendu tout le tour du village, et finit par arriver jusqu’aux oreilles de l’ennemi juré de Tudor. (Eh, oui, même les braves hommes ont un ennemi juré).
Un jour les deux hommes se croisèrent au marché et l’ennemi de se moquer :
"- Alors Tudor, il paraît que tu es musicien, et qu’on ne peut s’empêcher de danser sur ta musique ? Comment peux-tu répandre pareille sottise ?
- Viens, quand tu veux le vérifier si tu ne le crois pas !
- Soit !"
Tudor l’emmena chez lui et posa délicatement les mains sur les cordes de la harpe magique et son ennemi juré se mit à danser tout aussitôt sans pouvoir s’arrêter.
Notre ami de jouer de plus en plus vite et durant des heures sans interruption, et l’autre de hurler :
"- Arrête Tudor ! Arrête ! Je t’en supplie, arrête !"
Mais ravi de pouvoir enfin se venger, il continua jusqu’à ce que le malheureux tombe épuisé sur le sol.
Une voix venue de nulle part résonna alors dans toute la maison :
"- Ce n’est pas bien d’utiliser la magie du petit peuple pour faire le mal !"
Et la harpe disparut en une fraction de seconde.
Tudor passa tout le reste de sa vie à attendre la visite de nouveaux voyageurs ou mendiants pour leur faire bon accueil et retrouver ce précieux don qui lui avait été retiré et qui lui manquait tant. Mais cela ne s’est jamais reproduit il mourut quelques années plus tard, dans la tristesse et le remord.
MORALITE :
N’utilisez jamais les dons qui vous ont été généreusement attribués pour faire des vilenies, de peur que cela ne se retourne contre vous !
Légende retranscrite par Polly Estaires le 14/06/07